De la Thérianthropie

Pour mon premier post sur ce forum, j'ai décidé de partager le phénomène très méconnu de thérianthropie. Sans doute la magie la plus ancienne que l'Homme ait pratiqué jusqu'à maintenant, elle connu plusieurs mise au goût du jour au fil des siècles, menant à l'oubli le plus total de ses origines. Voici ce qu'il m'a été donné de trouver suite à mes recherches.



Définition et origine du terme/.



Définie pour la première fois en 1953 par Edward Podolsky dans son Encyclopédie des Aberrations : Manuel de Psychiatrie, la thérianthropie constitue la transformation d’un Homme en animal. Elle peut être complète, comme pour les cas d’hommes changés en loups, ou partielle comme pour les sirènes ou les dieux égyptiens mi-humains mi-animaux. Par extension, elle désigne le passage d’un animal à l’état d’être humain à l’instar des ours amérindiens. On recense en effet nombre de traditions orales relatant le fait que ces créatures se sépareraient ponctuellement de leur peau d’animal pour se changer en homme, copuler avec des humaines et donner naissance à de jeunes thérianthropes. Les premiers cas connus de thérianthropie sont ceux rapportés par les peintures pariétales de la grotte des Trois-Frères en Ariège. On y trouve un chaman mi-homme mi-animal dansant en pleine transe, semblant réaliser un rituel magique. De fait, la thérianthropie est extrêmement liée au chamanisme et au totémisme, amenant même à la création de nouveaux courants spirituels comme dans le cas des otherkins, ou comportements sociaux, à l’instar du furry.
L’étymologie du mot trouve ses origines dans le grec ancien, composé donc de thêríon signifiant “animal sauvage” ou encore “bête” et d’ánthrôpos, soit “homme”. Il est à noter que le terme est bien utilisé en anglais depuis 1901 mais que la langue française ne l’adopte que bien plus tard, utilisant alors le mot “lycanthropie” par abus de langage pour désigner toute autre forme de thérianthropie non-spécifique Homme/loup. On parle parfois également de zoanthropie.
La thérianthropie est très généralement spirituelle plutôt que physique, c’est à dire que la métamorphose ne s’opère que dans l’esprit et l’âme du thérianthrope, les transformations physiques étant très limitées.
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Causes à la thérianthropie/.  



Les causes d’une thérianthropie peuvent être multiples, les trois principales étant présentées ci-après :

1/. L’ascendance animale

Comme mentionné plus haut, la mythologie d’Amérique du Nord fait part de cas d’animaux se transformant en humains pour se constituer une descendance mi-animale mi-humaine, le plus souvent des ours métamorphes. N’étant malheureusement pas suffisamment renseigné sur la mythologie amérindienne je n’irai pas plus loin dans le rendu de cette partie.
Certains cas de thérianthropie par ascendance animale demeurent très intéressants. Celui par exemple de P’an Hu ou Pan Hu. Mi-homme, mi-chien, mi-dragon, il aurait en effet été marié à la troisième fille de l’empereur Ping Huang, vraisemblablement issu de la toute première dynastie d’empereur que la Chine ait connu. Le métamorphe aurait été missionné par l’empereur pour assassiner son grand ennemi, le roi Kao Wang qui venait de déclarer la guerre à l’empire. Chien magnifique arrivant à la porte du roi, Pan Hu s’en attira les faveurs et les attentions. Siégeant à ses pieds lors des conseils et autres conférences, vivant dans ses appartements et le suivant comme son ombre dans le palais, il finit par se retrouver seul avec lui et ses concubines. Le décapitant après lui être sauté à la gorge, il rapporta à Ping Huang la preuve de sa mort. Homme de parole et d’honneur, l’empereur lui offrit sa troisième fille et une belle habitation dans la montagne Hui Ji ainsi que deux servantes. Ils lui donnèrent six petits-fils et six petites-filles, thérianthropes humains, chiens et dragons, qu’il affilia à une lignée de la maison impériale, celle des Yao. Le plus fascinant dans cette histoire, c’est que sa descendance se serait maintenue jusqu’à aujourd’hui, les Yao étant reconnus par la République de Chine comme l’un des 56 groupes ethniques du pays. Ils ont même une association en France : l’Association des Yao.
Dans les mythologies turques et mongols, il est dit que c’est une louve, la louve Asena, qui enfanta dans le nord de la Chine ces deux peuples, alors considérés mi-loup, mi-humain. Les peuples turcophones seraient donc lycanthropes depuis toujours et donc par définition thérianthropes.
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2/. La transmigration des âmes

Bien que certaines spécialistes considèrent qu’il ne s’agit que d’une confusion due aux points communs entre thérianthropie et réincarnation des âmes - soit le fait qu’un individu puisse voir son âme intégrer une enveloppe non-humaine -, certains autres anthropologues choisissent sciemment de catégoriser plusieurs cas de transmigration des âmes comme thérianthropes, du fait d’un passage d’une apparence humaine à une apparence animale sans changement de nature de l’âme ou avec altération légère. Pour mieux comprendre ce genre de thérianthropie, un rappel sur les définitions de l’âme et de l’esprit sont nécessaires.
Selon les croyances monothéistes - nous nous appuyons ici sur un consensus- l'Homme est constitué de trois éléments interdépendants pour sa vie sur Terre ou monde matériel : son corps, son esprit et son âme. Les écritures saintes posent ainsi que le corps est véhicule à la fois de l’âme, essence de l’Homme qui lui donne sa nature humaine, et de l’esprit, qui est l’aspect de son être spirituel, lui permettant une connexion à Dieu – donc par extension à n’importe quel être spirituel -. Il est également précisé que l’esprit et l’âme sont bien dissociables et qu'à la mort l’âme peut cheminer sans l’esprit vers de nouveaux horizons.
La thérianthropie par transmigration fonctionnerait donc de deux manières différentes :  
L’une consistant à dissocier un esprit humain de son âme humaine pour le lier à l’âme d’un animal vivant dans le monde physique. Généralement, les cas rapportés sont ceux d’hommes morts dont l’âme trouve le salut dans l’Au-Delà mais pour lesquels l’esprit reste tourmenté ou soucieux du monde physique. L’âme animale de l’hôte est alors utilisée comme liant au vaisseau de substitution qu’est le corps animal. Dans les cas de thérianthropie temporaire, l’esprit de l’animal reste vraisemblablement non-loin du corps animal pour le réintégrer au départ de l’esprit humain, mais dans les cas de thérianthropie de très longue durée - par exemple la lycanthropie d’humains à leur mort sous le joug de la colère et de la haine – l'esprit animal est au mieux expulsé définitivement de son corps et dissocié de son âme, et au pire simplement érodé au fil du temps jusqu’à sa disparition complète.  

Ce genre de transmigration est généralement dit “partiel et temporaire” (malgré les quelques exceptions) car l’âme de l’individu passe bel et bien à de nouvelles formes d’existence tandis que l’esprit seul se transverse dans un hôte physique qu'il est libre de quitter à tout moment.


L’autre étant en réalité une simple réincarnation ou métempsycose, c’est à dire le transvasement d’une âme dans un corps hôte animal. Il s’agit là d’un genre “complet et permanent” de transmigration. L’âme humaine hérite donc d’une apparence physique animale et logiquement d’un esprit animal, mais quelques cultures - Amérindiennes notamment- semblent avancer que l’esprit et l’âme effectuent dans certains cas des transmigrations conjointes. En tous les cas cette catégorie de thérianthropie nécessite la mort de l’individu, qu’elle soit cérébrale ou stricte, pour que son âme puisse échapper à son corps. On peut dès lors imaginer qu’une personne dans un type bien précis de coma puisse outrepasser ces lois tacites, voyant en effet son âme libre d’aller et venir de son enveloppe physique humaine à une enveloppe physique autre. Néanmoins, après possession et pour libérer son âme ainsi prisonnière d’un hôte animal, il lui faudra mourir pour réintégrer son corps humain. S’agissant là d’une entreprise dangereuse et intrépide mais théoriquement viable, il ne serait pas étonnant de trouver quelques récits mythologiques relatant ce type d’expériences.

La thérianthropie par transmigration complète de l’âme implique donc qu’un animal puisse être avant tout le fantôme d’un défunt cherchant à entrer en contact avec ses proches et les vivants. À l’inverse, des âmes animales peuvent se retrouver dans des corps humains, donnant lieux à des formes de thérianthropie très particulières que portent les Otherkins notamment.  De même que les âmes soucieuses du monde physique, la thérianthropie de divinités permet dans bien des mythes de veiller sur l’Homme et lui apparaître lorsque cela est nécessaire.






3/. L’acquisition d’esprits tutélaires

Généralement par l’intermédiaire de chasses rituelles dont l’issue est le sacrifice de l’animal chassé et le prélèvement d’un trophée unique qui est nécessairement investi d’un pouvoir magique intense. Dans la très grande majorité des cas ce sont de jeunes adolescents pubères qui effectuent ces rites, bien que les adultes ne soient théoriquement pas inaptes à les réaliser également. Une fois terminés, ces rituels permettent d’acquérir la protection de l’esprit animal sacrifié, devenant esprit tutélaire pour le commun des Hommes et esprit familier pour les chamans, mages, ou autres.
La thérianthropie s’effectue alors par la cohabitation de l’esprit animal avec l’esprit et l’âme humaine, si bien même que les caractères de l’esprit tutélaire influent sur ceux de l’esprit humain. Dans les cultures d’Océanie on semble évoquer une fusion des esprits et des âmes transformant la nature même de l’Homme lié à son esprit tutélaire. Si bien qu’une blessure physique ou psychique faite à l’un affectera immanquablement l’autre.


Conclusion/.


La thérianthropie est la plus ancienne forme de magie que l'être humain ait pratiqué, vraisemblablement utilisée des dieux depuis la nuit des temps. Si ses origines sont oubliées depuis longtemps, il est plus que probable que beaucoup de rituels lui étant associés aient été redécouvert à la fin du siècle dernier -vu l’essor des moyens techniques et les nouvelles approches dont disposent les anthropologues.